PARIS, LONDRES, 14 octobre 2025 – Les grands et très grands prématurés ont un meilleur développement cognitif à l’âge de 5 ans s’ils ont bénéficié du peau à peau durant leur première semaine de vie, selon une large étude française publiée dans eClinicalMedicine, une revue du Lancet.
Le contact peau à peau entre parent et bébé est recommandé immédiatement après la naissance car il améliore la survie des enfants dans les pays à faibles revenus, et pour les pays à hauts revenus, comme la France, des effets bénéfiques à court terme ont été montrés sur la stabilité physiologique du nouveau-né et la construction des liens d’attachement pour les parents, rappelle l’Inserm dans un communiqué, mardi.
De précédentes études ont également suggéré des effets neuroprotecteurs au-delà de la petite enfance, mais portant sur de petits nombres de participants et des données anciennes.
Ayoub Mitha du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (CRESS) à Paris et ses collègues ont réalisé une analyse secondaire de la cohorte nationale prospective EPIPAGE-2 sur les naissances avant 35 semaines de grossesse, constituée entre mars et décembre 2011 dans l’ensemble des unités de néonatologie de 25 régions françaises.
Ils ont inclus dans leur analyse 2.726 enfants nés entre 24 et 31 semaines de grossesse, restés dans la même unité néonatale au cours de leur première semaine de vie, vivants à 7 jours, sans anomalie cérébrale sévère ni décision de limitation ou d’arrêt des soins. Parmi eux, 2.666 avaient des informations sur l’exposition au peau à peau pendant la première semaine de vie et 2.561 ont survécu jusqu’à l’âge de 5 ans au moins.
Le peau à peau a été pratiqué pour 1.581 nouveau-nés pendant la première semaine de vie, dont 987 avaient un suivi complet, tandis que 980 n’ont pas été exposés au peau à peau, dont 558 avaient un suivi complet.
L’exposition au peau à peau était plus fréquente aux âges gestationnels plus élevés (21,7% à 24 semaines et 78,0% à 31 semaines). Ces taux étaient très variables entre les différentes unités néonatales, allant de 5% à 100%.
Les enfants exposés au peau à peau présentaient un meilleur développement cognitif, mesuré par les tests de QI complets (FSIQ; échelle de Wechsler pour enfants WPPSI 4e édition), à l’âge de 5 ans que les enfants non exposés, avec un score FSIQ supérieur de 2,3 points, significativement différent.
Les enfants exposés avaient une plus grande probabilité que les non-exposés d’avoir un score de QI à 5 ans plus élevé qu’une population de référence d’enfants nés à terme (odds ratio OR=1,33)
En revanche, il n’y avait pas d’association entre peau à peau et risque de difficultés comportementales.
Les différences de score de QI observées étaient significatives chez les grands prématurés (+2,9 points) mais pas chez les très grands prématurés (+0,5 point).
« Cela s’explique par le plus faible recours au peau à peau des enfants nés extrêmement prématurés en 2011, une tendance qui a depuis évolué, le peau à peau étant une pratique de plus en plus encouragée dans les services de néonatologie », commente Ayoub Mitha, cité dans le communiqué « Ces résultats sont une preuve de plus en faveur du contact peau à peau aux toutes premières heures de la vie de l’enfant né prématuré. Ils pointent l’importance de favoriser la non-séparation parent-enfant à la naissance et vont dans le sens des recommandations pour l’implantation de chambres parentales dans les unités de soins intensifs de néonatologie », explique-t-il.
(eClinicalMedicine, publication en ligne du 27 septembre)
Mitha A, Marchand-Martin L, Zores C, Benhammou V, Berne-Audeoud F, Kaminski M, Rozé JC, Kuhn P, Pierrat V. EClinicalMedicine. 2025 Sep 27;89:103528
