28 juillet 2025 (APMnews) – Les enfants nés grands prématurés ont de moins bonnes performances cognitives que ceux nés à terme, sans qu’une amélioration ait été mise en évidence dans les études récentes, selon une méta-analyse portant sur 40 années d’études, publiée dans JAMA Pediatrics.
La survie des enfants nés grands prématurés (avant 32 semaines d’aménorrhée ou pesant moins de 1.500 g) a été améliorée avec les progrès réalisés dans la prise en charge périnatale, mais aucune amélioration des performances cognitives n’a été mise en évidence dans les précédentes méta-analyses, menées en 1990 et 2008, rappellent Soodabeh Behboodi (Inserm, UMR 1153, CRESS, équipe de recherche en épidémiologie obstétricale, périnatale et vie pédiatrique (OPPaLE)) et ses collègues.
Dans cette nouvelle méta-analyse d’études observationnelles, les chercheurs ont inclus les données de ces deux précédentes méta-analyses et ont ajouté les nouvelles études parues sur le sujet, publiées jusqu’en juin 2024. En augmentant le nombre d’études incluses, les auteurs cherchaient à se focaliser sur les évaluations menées entre les âges de 4 et 7 ans afin de comparer des enfants d’âge comparable aux différentes époques et de pouvoir faire la distinction entre la très grande prématurité (avant 28 semaines) et la grande prématurité.
L’objectif était également de tester les tendances temporelles non linéaires, qui peuvent être observées lorsque la survie d’enfants avec des conditions plus sévères est augmentée, ce qui peut aboutir à des résultats initialement moins bons et masquer une amélioration générale, comme cela a été le cas pour la paralysie cérébrale, expliquent les auteurs.
L’analyse concerne 257 études de 131 cohortes totalisant 25.746 enfants, nés entre 1977 et 2016, dont 15.548 grands et très grands prématurés et 10.198 nés à terme.
Des évaluations entre 4 et 7 ans ont pu être faites dans 61 cohortes (8.847 enfants grands et très grands prématurés et 4.995 nés à terme).
Le quotient intellectuel (QI) des enfants grands et très grands prématurés était plus faible que celui des enfants nés à terme, avec une différence moyenne standardisée (DMS) de -0,88.
Le modèle d’analyse linéaire n’a pas montré d’association entre baisse du QI liée à la prématurité et l’année de naissance. De même, aucune association non linéaire n’a été observée.
L’ajustement sur l’âge gestationnel et les caractéristiques des études n’a pas modifié les résultats.
Nécessité d’identifier des marqueurs précoces d’évolution cognitive défavorable :
Les analyses secondaires réalisées sur toutes les cohortes et portant sur le QI obtenu à la dernière évaluation (quel que soit l’âge) ont également montré une différence de QI, d’ampleur similaire, entre grands ou très grands prématurés et enfants nés à terme (DMS = -0,84), et toujours aucune tendance temporelle.
Cette revue systématique de la littérature et méta-analyse d’études observationnelles sur les performances cognitives des enfants nés grands prématurés entre 1977 et 2016 « met en évidence un important déficit de QI par rapport aux enfants nés à terme, qui n’a pas diminué au cours du temps », concluent les auteurs.
« Les résultats de cette étude renforcent les appels à une recherche multidisciplinaire sur les facteurs périnatals et au cours de la petite enfance qui affectent le neurodéveloppement à long terme après la naissance des grands prématurés », notamment des études d’imagerie cérébrale afin d’identifier des marqueurs précoces d’évolution cognitive défavorable et de rechercher des interventions de prévention, commentent les auteurs.
Ces résultats soulignent également la nécessité d’un suivi du développement des enfants nés grand prématurés afin de permettre une identification et une intervention précoces visant à optimiser leur développement et leur qualité de vie, ajoutent-ils.
JAMA Pediatrics, publication en ligne du 28 juillet